dimanche 19 décembre 2010

La légende de Saint-Julien l’hospitalier (2)

La légende de Saint-Julien l’hospitalier

Le deuxième chapitre

Les aventures militaires de Julien : les aventures militaires de Julien, dans lesquelles il connaît beaucoup de succès (par exemple en tournant une masse d’armes il tue quatorze cavaliers), nous rappelle des massacres d’animaux que Julien a commis avant de partir du château. Dans ses aventures militaires aussi il est encore invincible, juste comme dans ses sorties de chasse auparavant.

Mais le prestige de Julien s’étend au delà du succès militaire. Il paraît qu’il devient célèbre dans le monde entier, non seulement à cause de sa prouesse militaire mais aussi en raison de ses capacités diplomatiques. Il devient l’ami des rois. Il semble qu’il excelle dans tous les domaines humains.

Il devient une sorte de messie. On voit sa bienveillance envers les défavorisés, les pauvres, les malades, les vieux, et aussi les gens d’église. L’approbation de Dieu est mentionnée explicitement : c’est grâce à la faveur divine qu’il n’est pas tué. Et l’écrivain nous rappelle la prédiction du cerf, parce qu’il écrit que Julien fait attention quand il rencontre n’importe quel vieil homme, parce qu’il a peur de le tuer par méprise.

Julien accourt à l’aide de l’empereur d’Occitanie : l'histoire de l’expulsion et punition du calife souligne son soutien du monde chrétien contre les Musulmans, et souligne surtout que Julien est un bon servant du Dieu chrétien.

La reconnaissance de l’empereur des services de Julien : Julien refuse tous les cadeaux matériels que l’empereur essaye de lui donner. Et ici encore on voit l’idéal chrétien : quelqu’un qui ne cherche pas de récompense matériel quand il poursuit une cause, qu’il croit juste. Mais Julien ne peut pas résister à l’amour, ni aux charmes de la fille de l’empereur. On constate que l’écrivain ne révèle pas le nom ou prénom de cette fille, ni de son père. Mais on peut lire la description de la mine et la tenue de la fille, et on comprend que c’est une beauté, et après tout c’est ce qu’il fait que Julien ne peut pas y résister.

La description du palais : la description du palais souligne la magnificence du bâtiment et de ses alentours. C’est de quelque manière la description d’une sorte de Paradis. Pour moi l’aspect le plus frappant, c’est le silence du palais. L’écrivain dit qu’il y a partout un tel silence qu’on étend le frôlement d’une écharpe ou l’écho d’un soupir.

Julien lutte contre son désir de chasser et tuer : pour moi l’aspect le plus intéressant de ce passage, c’est la juxtaposition des images presque paradisiaques d’animaux de toutes espèces, le jardin d’Éden et l’arche de Noé, avec les pensées de massacre, qui occupent Julien, et sa dépression. Et encore ici l’écrivain nous rappelle encore une fois la prédiction du cerf, et la crainte de Julien qu’il va tuer un jour ses parents.

Les efforts de la femme de Julien de guérir la dépression de Julien : encore ici l’écrivain nous montre des images presque paradisiaques - les voyages en bateau où Julien et sa femme voient les poissons dans l’eau claire, la musique de la mandoline, duquel sa femme joue pour le plaisir de son mari. Elle essaye de soulager ses craintes vis-à-vis de la mort de ses parents, et le lecteur a de plus en plus des sentiments d’appréhension à cet égard !

Julien cède finalement à la tentation et va à la chasse : quand finalement Julien cède à la tentation et va à la chasse, il dit que c’est pour obéir à sa femme, mais on soupçonne qu’il suit une pulsion qui lui est irrésistible et instinctive, déclenché par des apparences d’animaux sous sa fenêtre. Sa femme s’inquiète, ce qui nous rappelle la prédiction du cerf par rapport à la mort des parents de Julien. C’est intéressant que Julien soit lui-même surpris de l’inconséquence de son humeur, un rare aperçu sur sa façon de penser.

L’arrivée des parents de Julien juste après son départ à la chasse : ici encore on aperçoit la timidité relative des parents de Julien, qui d’abord ne révèlent pas leur identité, jusqu’à ce que la femme de Julien les rassure que Julien les aime encore. L’écrivain souligne la faiblesse et la pauvreté des deux vieux après de longues années de voyage, et leur joie en rencontrant leur belle-fille. Le père de Julien se rappelle les paroles du mendiant (du Bohème) quand il apprend que cette femme est la fille de l’empereur (le mendiant a dit les paroles “toujours heureux, la famille d’un empereur). Et pour quelconque raison (pas entièrement claire), la mère de Julien pense aux prédictions de l’ermite, qui néanmoins n’a pas mentionné un empereur, et n’a dit que Julien sera un saint. Pourtant les parents de Julien n’ont rien à craindre en ce moment. Et par exemple sa père ne pense pas aux mots “beaucoup de sang“, que le mendiant a prononcés.

C’est intéressant qu’ici pour la première fois, l’écrivain nous fasse savoir quelque chose de l’apparence des deux parents de Julien. Le lecteur apprend pour la première fois la beauté de sa mère et le port digne de son père, des qualités qui sont encore évidentes à la femme de Julien, bien qu’ils soient maintenant très vieux.

Finalement la femme de Julien couche les deux vieux dans son propre lit et le passage se termine avec une image de la nature et du monde animal, les pépiements des petits oiseaux comme le jour vont commencer, lien au monde extérieur et au monde de la nature, où se trouve à ce moment Julien lui-même, encore engagé dans la chasse.

Les aventures de Julien pendant sa nuit frénétique de chasse, de frustration et d’humiliation : une nuit frustrante pour Julien - d’abord il ne trouve pas de bêtes, puis plus tard, quand il en voit beaucoup, il découvre qu’il ne peut plus les tuer. Par contre, les animaux semblent vouloir se venger de Julien, ils le chassent, ils l’entourent, ils se moquent de lui, comme dans un cauchemar. Et voici la dernière image de ses actions, c’est particulièrement comme un cauchemar : il croit quelques instants qu’il a réussit à attraper une perdrix rouge, mais en fait elle est morte depuis longtemps et pourrie. À la fin de ce passage, on voit un pressentiment de la tragédie qui va se dérouler bientôt. Julien est tellement furieux à cause de son incapacité de massacrer des fauves, qu’il est pris par un désir de massacrer des hommes.

Le meurtre des parents de Julien : Quand Julien tue ses parents, c’est un crime de passion, de jalousie sexuelle. Il commet le crime sans rien dire, sans pouvoir voir clairement les visages des deux personnes dans le lit de sa femme, et à cause de ça il prend son père pour l’amant de sa femme. Immédiatement après le meurtre Julien croit entendre le bramement du cerf au loin. Dans la description des deux morts on voit encore le contraste entre la blancheur des victimes et la couleur du sang.

La réaction de Julien est de s’isoler absolument de sa femme et de la communauté. Il paraît qu’il assiste aux funérailles mais pas ouvertement : il est déguisé en moine. Finalement dans les mots de l’écrivain, il prend la route des montagnes, et après s’être retourné plusieurs fois, il disparaît. Il se retourne plusieurs fois, c’est-à-dire qu’il comprend très bien qu’il a été expulsé du Paradis.

mercredi 15 décembre 2010

La légende de Saint-Julien l’hospitalier

La légende de Saint-Julien l’hospitalier

Le premier chapitre

La description du château. Dans cette description du château, où habitent les parents de Julien, on s’aperçoit immédiatement de la grandeur, de l’immensité physique du bâtiment et des terres, de l’abondance (les vins, l’argent, la grande cuisine où on peut faire tourner un bœuf sur la broche etc.), et aussi de l’ambiance de calme. Il y a aussi l’ambiance d’un bâtiment ecclésiastique : le dallage de la cour ressemble à celui d’une église, l’archer s’endormit comme un moine, il y a une chapelle somptueuse comme l’oratoire d’un roi.

Le châtelain. Il semble que le châtelain est un homme calme, peut-être peu démonstratif, qui prend au sérieux ses responsabilités vis-à-vis de ses paysans, en leur administrant la justice et en apaisant ses querelles. Peut-être c’est un homme religieux, parce qu’il méprise l’étuve à la romaine. On ne lit rien de ses caractéristiques physiques.

La châtelaine. On lit que la châtelaine est un peu fière et sérieuse. On devine que c’est une femme très calme, comme son mari. Elle est très blanche, qui semble signifier qu’elle ne sort pas souvent, et on sait qu’elle s’occupe des tâches des servantes, et aussi des tâches féminines traditionnelles - la broderie etc. On peut conclure qu’elle est religieuse, parce qu’elle prie Dieu pour un enfant ou peut-être explicitement un fils.

La fête de la naissance de Julien au château. La fête somptueuse au château, qui dure quatre nuits, nous rappelle la richesse du châtelain et de la châtelaine. Le divertissement du nain qui sort d’un pâté pourtant semble un peu incongru. Il se peut que le nain symbolise le nouveau-né ? Ce divertissement me paraît un peu vulgaire, mais c’est possible qu’il était destiné seulement aux paysans qui assistaient. L’excès des grandes réjouissances semble un peu inattendu, et c’est un peu surprenant que la châtelaine n’assiste pas aux fêtes, mais c’est peut-être plus normal par conséquent que seulement la châtelaine voit l’ermite.

La vision de l’ermite. Cette petite anecdote aussi, dans laquelle la châtelaine est visitée par un ermite, donne une ambiance religieuse à la naissance de Julien. La plupart des ermites sont des personnages religieux. En plus cet ermite porte un chapelet, et il dit à la châtelaine que son fils sera un saint, la châtelaine entend les vois des anges, et la toute histoire est décrit comme une communication du ciel. La châtelaine ne parle à personne de cette histoire, ce qui suggère que c’est une personne vraiment sincère, qui ne cherche pas de gloire pour elle-même.

La vision du mendiant : la vision du mendiant que voit le châtelain donne un degré de parallélisme entre le châtelain et son épouse. Ils sont bénis, tous les deux, d’une vision, et tous les deux ils font preuve de la discrétion et ils n’en parlent pas trop. Dans le cas du châtelain, il a peur que les gens se moqueraient de lui. Pour nous les lecteurs les mots précises du mendiant sont très intéressants, “Ah, ton fils - beaucoup de sang, beaucoup de gloire. Toujours heureux ! La famille d’un empereur“ nous tiennent en haleine, et nous nous demandons ce qui arrivera au petit Julien? On doit constater que le châtelain lui-même doute des promesses du mendiant, et doute de sa vision. Par contraste avec la vision de la châtelaine, les promesses du mendiant concernent pour la plupart des splendeurs temporelles ou séculières (pas religieuses) qui sont destinées à Julien : la gloire, le bonheur, et l’association avec l’empereur.

La petite/première enfance de Julien : La petite enfance de Julien : Ce paragraphe souligne au début le parallélisme entre les deux parents vis-à-vis de leur petit fils. Ils se cachent leur secret, et ils chérissent Julien d’un pareil amour. Ils prodiguent des soins hors normes à leur enfant. Et on s’aperçoit encore les références religieuses : les parents respectent leur fils comme marqué de Dieu (soit pour du bien ou du mal), et on lit qu’il ressemble à un petit Jésus. Il s’agit d’un enfant spécial et pas complètement naturel, parce que les dents lui poussent sans qu’il pleure une seule fois.

La première éducation de l’enfant : la description de la première éducation de Julien (l’Écriture, la numération, les lettres, les peintures) nous donne l’impression d’un enfant calme et studieux, qui est à l’aise avec ses circonstances. L’enfant n’a pas peur de la solitude.

La description de visiteurs au château (des marchands, des pèlerins, les vieux compagnons d’armes du châtelain : ce passage donne au lecteur plus de détails informatifs sur la vie de cet époque, mais l’aspect le plus intéressant c’est la réaction de Julien aux anecdotes des vieux compagnons d’armes : il pousse des cris en les écoutant. Néanmoins on continue de constater la gentillesse de Julien, qui fait l’aumône parmi les pauvres après l’angélus. C’est intéressant la réaction de ses parents. Son père croit que son fils deviendra un conquérant, sa mère croit qu’il sera archevêque - ça colle à ses visions précédentes !

L’incident avec la souris dans l’église : dans ce passage on voit Julien pour la première fois commettre un petit acte de violence, quand il tue la petite souris. Mais on constate qu’il est encore un peu timide, et il prend du temps pour avoir le courage de le faire. On s’aperçoit aussi que la souris est blanche, ce qui ferait plus évidents son sang et sa mort, et on s’aperçoit aussi du désir de Julien de commettre l’acte discrètement. Il essuie la dalle, et jette la souris dehors, et ne parle à personne de l’incident. Néanmoins la réaction de Julien à cet acte de violence semble plutôt tiède - on devine un degré de timidité de sa part, et il n’est pas clair qu’il se réjouit de son acte. L’écrivain nous dit que Julien est stupéfié. On dirait aussi qu’il y a un degré d’ironie dans le fait que l’orgie de sang qui va se dérouler commence dans une église.

La mise à mort des oisillons et du pigeon : on voit pour la première fois le coté malicieux de Julien. La mort des oisillons le fait rire de bonheur. Le pigeon il tue à main nu en l’étranglant. Le mort du pigeon se passe lentement, et il y a plein d’émotion dans le récit : l’écrivain décrit les convulsions et les palpitations de l’oiseau, et aussi la volupté sauvage de Julien, qui à la fin se sentit défaillir, comme en extase.

L’éducation en vénerie : la mort du pigeon semble montrer un Julien un peu plus mûr, et c’est peut-être significatif que son père, qui ne sait rien de la mort du pigeon, néanmoins reconnaît cette nouvelle maturité en annonçant que Julien, à l’âge de 7 ans, doit apprendre la théorie de la vénerie. La description plutôt académique de l’art de la vénerie et les tactiques contraste avec le simple plaisir animal de Julien, que nous avons déjà vu.

La description de la meute et de la fauconnerie, et des instruments et des méthodes de la vénerie traditionnelle : cette description est très détaillée, et là aussi on perçoit immédiatement le contraste entre les méthodes compliquées de la vénerie traditionnelle et les méthodes plus simples favorisées par Julien.

Le style de Julien : l’écrivain décrit les méthodes favorisées par Julien - il préfère chasser loin du monde avec son cheval et son faucon, et ses chiens. Et c’est clair que Julien aime participer lui-même à la mise à mort de sa proie, ne laissant pas la tâche à ses chiens, mais administrant souvent lui-même le coup funeste. On aperçoit que Julien est entièrement accroc à la vénerie, qu’il poursuit tout seul. Il tue énormément de bêtes de divers espèces avec divers armes et objets. Il ne pense à rien d’autre de l’aube à minuit. Il est obsédé, et l’étreinte de sa mère ne l’émeut pas, elle le laisse froid.

La sortie qui a commencé un matin d’hiver : on lit la description de plusieurs mises à mort, un véritable massacre - des lapins, un coq de bruyère, deux boucs sauvages au bord d’un abîme, des grues qui volaient très bas, un castor au mile d’un lac, des chevreuils, des daims, des blaireaux, des paons, des merles, des geais, des putois, des renards, des hérissons, des lynx, une immense orgie de sang. Et le massacre n’arrête pas – Julie tue une ribambelle de cerfs qui remplit toute une vallée. Le massacre est décrit comme un rêve, ou plutôt un cauchemar, à cause de l’immensité du massacre et parce que Julien l’a trouvé si facile de tuer tellement de bêtes. Pour souligner le caractère terrible du massacre, l’écrivain nous dit que comme la nuit va venir, le ciel est rouge comme une nappe de sang. Julien pourtant est en extase.

La malédiction du cerf : Finalement Julien attaque un petit groupe - un cerf, une biche et son faon, et après la mort de la biche et son faon, le cerf maudit Julien juste avant de mourir. Il prédit que Julien va tuer son père et sa mère.

Les mots du cerf et le silence de Julien nous rappelle que jusqu’ici on n’entend la voix d’aucun personnage sauf de ceux qui font des prédictions par rapport de Julien. Il n’y a pas de dialogue entre les personnages principaux. Ce fait donne une importance particulière à ces prédictions, les seuls mots de dialogue.

On voit la réaction de Julien vis-à-vis de la prédiction du cerf : la tristesse, l’effroi, une maladie qui dure peut-être plusieurs mois. Et enfin on entend la voix de Julien, quoiqu’il ne parle qu’à lui-même : “Non ! non ! non ! Je ne peux pas les tuer ! “


Et ici encore on voit un degré de parallélisme entre les deux parents, mais les circonstances des deux accidents sont un peu différentes. Julien laisse tomber l’épée qui faillit tuer son père, mais parce qu’elle est trop lourde. C’est un acte involontaire. Dans le cas de sa mère, Julien joue un rôle plus actif, parce qu’il lance le javelot qui faillit la tuer. La blancheur de la cible, que Julien prend pour une cigogne nous rappelle la souris blanche que Julien tue dans l’église. Dans ce cas-ci c’est les ailes du bonnet de sa mère qui sont blanches, mais on se rappelle que par rapport de la description physique de la châtelaine, l’écrivain ne nous donne qu’un seul mot : il écrit que c’était une femme blanche.