III Cet homme et cette femme
This is a short story taken from a book by Anna Gavalda, called Je voudrais que quelqu’un m’attende quelque part ISBN 2-84263-025-4
Cet Homme et Cette Femme
Cet homme et cette femme sont dans une voiture étrangère. Cette voiture a coûté trois cent vingt mille francs et, bizarrement, c’est surtout le prix de la vignette qui a fait hésiter l’homme chez le concessionnaire.
Le gicleur droit fonctionne mal. Cela l’agace énormément.
Lundi, il demandera à sa secrétaire d’appeler Salomon. Il pense un instant aux seins de sa secrétaire, très petits. Il n’a jamais couché avec ses secrétaires. C’est vulgaire et ça peut faire perdre beaucoup d’argent à nos jours De toute façon, il ne trompe plus sa femme depuis qu’ils se sont amusés un jour, avec Antoine Say, à calculer leurs pensions alimentaires respectives pendant une partie de golf.
Cette homme et cette femme : anonyme, soulignant la grisaille de leurs vies, le manque d’amour, de passion et de vraies sentiments. Le prix de la vignette – c’est une facette de la personnalité de l’homme qu’il se fâche pour des petites raisons, pour des bricoles.
De la même façon le gicleur droit qui fonctionne mal, c’est une petite chose, mais cela l’agace énormément. On apprend que l’homme est une personne de quelque importance : il a une secrétaire, qui peut appeler pour lui Salomon, le concessionaire, l’homme ne doit pas lui-même l’appeler. On apprend que l’homme regarde sa secrétaire d’une façon sexuelle : il a remarqué ses petits seins – il n’a pas quand-même couché avec elle. L’auteur utilise le mot « vulgaire » entre guillemets – l’homme trouve ça vulgaire de coucher avec sa secrétaire, autrement dit il a des prétensions sociales. Le lecteur se rend compte que l’homme ne manque pas d’argent. Une voiture très chère, et il pense qu’il perdrait une grande somme d’argent en case de divorce.
Ils roulent vers leur maison de campagne. Un très joli corps de ferme situé près d’Angers. Des proportions superbes.
Ils l’ont achetée une bouchée de pain. Par contre les travaux . . .
Boiseries dans toutes les pièces, une cheminée démontée puis remontée pierre par pierre pour laquelle ils avaient eu le coup de foudre chez un antiquaire anglais. Aux fenêtres, des tissus lourds retenus par des embrasses. Une cuisine très moderne, des torchons damassés et des plans de travail en marbre gris. Autant de salles de bains que de chambres, peu de meubles mais tous d’époque. Aux murs, des cadres trop dorés et trop larges pour des gravures du XIXe, de chasse essentiellement.
Tout cela fait un peu nouveau riche mais, heureusement, ils ne s’en rendent pas compte.
La description de la maison de campagne : « un très joli corps de ferme » et tout ça, c’est la première expression positive dans cette nouvelle, la première expression d’enthousiasme et « d’amour ». L’auteur utilise l’expression « coup de foudre ». C’est clair que la restauration de la maison c’est un œuvre d’amour pour le couple, pas seulement le mari mais la femme aussi. Ils ont montré de l’enthousiasme et d’organisation, attention aux détails etc. Ils ont été attentifs de créer une maison dans un style approprié par rapport à l’époque où la maison était originalement construite. Mais il y a quand-même une insinuation que leur goût n’est forcément pas le meilleur possible !
On apprend ici que l’homme a franchi le cap de la cinquantaine. On apprend aussi que pour cet homme sa tenue vestimentaire est très importante : le style de sa tenue l’obsèdent peut-être.
Il conduit relativement vite. Il est pensif. En arrivant, il ira voir les gardiens pour parler avec eux de la propriété, du ménage, de l’élagage des hêtre, du braconnage . . . Et il déteste ça.
Il déteste sentir qu’on se fout de sa gueule et c’est bien ce qui se passe avec ces deux-là qui se mettent au travail le vendredi matin en traînant les pieds parce que les patrons vont arriver le soir même et qu’il faut bien donner l’impression d’avoir bougé.
Il devrait les foutre à la porte mais, en ce moment, il n’ vraiment pas le temps de s’en occuper.
C’est clair que l’homme déteste les détails de l’entretien de leur maison de campagne et il n’aime pas discuter avec les gardiens.
Il est fatigué. Ses associés l’emmerdent, il ne fait presque plus l’amour à sa femme, son pare-brise est criblé de moustiques et le gicleur droit fonctionne mal.
En somme, l’homme est de très mauvaise humeur en ce moment. Il est fatigué, il déteste ses collègues de travail, il n’aime kpas sa femme. Mais il s’est fait piégé de sa situation, le boulot, et le mariage. La source fondamentale de ses difficultés c’est le besoin de conserver son argent, sa fortune. Et il sent profondément en plus les petites tracasseries, les petits ennuis du voyage : les moustiques sur le pare-brise et le gicleur qui ne fonctionne pas bien. Un voyage d’enfer !
La femme s’appelle Mathilde. Elle est belle mais on voit sur son visage tout le renoncement de sa vie.
Elle a toujours su quand son mari la trompait et elle sait aussi que, s’il ne le fait plus, c’est encore pour une histoire d’argent.
Pour la première fois l’auteur se concentre sur la femme. On voit sur son visage tout le renoncement de sa vie. Elle n’a plus d’illusions sur son mari – elle sait qu’il la trompait par le passé, mais maintenant l’argent est beaucoup plus important que les plaisirs de l’infidelité.
Elle est à la place du mort et elle est toujours très mélancolique pendant ces interminables allers-retours du week-end.
Elle déteste ces interminable allers-retours du weekend ; voyage d’enfer avec son mari. Ils ne discutent pas, il y a seulement le radio. Et c’est très long, ce voyage. La maison de campagne est près d’Angers, mais le couple vit en Bretagne. Ils doivent voyager pendant plusieurs heurs pour arriver à Angers.
Elle pense qu’elle n’a jamais été aimée, elle pense qu’elle n’a pas eu d’enfants, elle pense au petit garçon de la gardienne qui s’appelle Kevin, et qui va avoir trois ans en janvier . . . Kevin, quel prénom horrible. Elle, si elle avait eu un fils, elle l’aurait appelé Pierre, comme son père. Elle se souvient de cette scène épouvantable quand elle avait parlé d’adoption . . . Mais elle pense aussi à ce petit tailleur vert qu’elle a entraperçu l’autre jour dans la vitrine de chez Cerruti.
L’auteur nous donne une idée des sources de la tristesse et la renonciation de la femme : qu’elle n’a jamais été aimée, elle n’a pas d’enfants. Elle pense à Kevin, le petit fils de la gardienne, mais là aussi, il y a une ébauche de snobisme. Elle déteste le nom Kevin. Là aussi, nous voyons une concentration sur le superficiel. A la fin du paragraphe on apprend que pour la femme ainsi que pour son mari, le style vestimentaire, la tenue vestimentaire est très importante – elle pense à un tailleur vert qu’elle a entraperçu dans une vitrine.
Ils écoutent Fip. C’est bien, Fip : de la musique classique que l’on se sait gré de pouvoir apprécier, des musiques du monde entier qui donnent le sentiment d’être ouvert et des flashs d’information très brefs qui laissent à la misère à peine le temps de s’engouffrer dans l’habitacle.
L’auteur suggère que le couple cherche tous les deux éviter les horreurs du voyage et les horreurs de leur relation stérile par écouter ces émissions de Fip : des émissions d’un goût apparemment culturel et intellectuel, mais en fait avec des prétensions très limitées au niveau culturel.
Ils viennent de passer le péage. Ils n’ont pas échangé une seule parole et ils sont encore assez loin.
En somme, le voyage d’enfer !!!!
L’homme : riche, dans un poste executif avec secrétaire, il joue au golf, il n’aime pas ses collègues de travail ; infidèle par le passé, mais maintenant pas, en raison de peur qu’il devrait payer une grande pension alimentaire ; il n’aime pas sa femme, la possibilité d’avoir des enfants (naturel ou par adoption) ne l’intéresse pas du tout ; il a une maison de campagne qu’il a restauré et qui surtout le remplit d’enthousiasme – il a des prétensions culturelles, des prétensions de style culturel et style vestimentaire. Il a l’habitude de se concentrer sur les petites ennuis, les petites tracasseries de sa vie.
La femme : joli, mais sa renonciation a marqué son beau visage. Elle n’a pas d’illusions par rapport à son mari – elle sait qu’il ne l’aime pas, elle sait qu’il la trompait par le passé. Elle a voulu avoir des enfants (soit naturels ou par adoption) mais ça il a refusé tout net. Elle a des prétensions sociales quand même et sa tenue vestimentaire est une facette importante de sa vie.
La maison de campagne
Leur vie de couple : ils restent ensemble pour des raisons financiers, pas pour l’amour. Ils ne parlent pas l’un à l’autre.
1 commentaire:
cette analyse est superbe!
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